COMME UN ENCHANTEMENT de Nathalie HUG

Publié le par Brigitte Sabban-Weyers

COMME UN ENCHANTEMENT de Nathalie HUG

Un livre à déguster avec un ristretto ou un lambrusco à portée de main.

Pétillant, émouvant, une lecture réparatrice, un songe colorée et vivifiant.

 

 

Extraits :

 

« (…) Nul doute que les bonnes âmes du village ne mentaient pas lorsqu’elles prétendaient que Giuseppe vivait reclus. Aucun véhicule ne s’était aventuré par ici depuis des décennies. C’est donc avec prudence que j’empruntai le chemin vers ce mystérieux héritage, expérimentant au milieu des papillons et des abeilles ce que je crois être de l’émerveillement. Même le fouillis des herbes folles mêlées de fleurs, le soc de charrue abandonné, entortillé de vigne sauvage, et les champignons qui colonisaient les troncs d’arbres, formant des escaliers en colimaçon pour lutins des bois, tout était beau.

En découvrant la ferme fortifiée, je fus éblouie par le jeu d’ombre et de lumière teinté de rose que renvoyaient les chênes et les aulnes sur les façades en pierre d’Istrie, émue par chaque volet décroché et grinçant dans le vent, chaque carreau brisé qui renvoyait le soleil en autant d’éclats.

Dans le jardin niché entre les bâtiments en U, un tilleul immense abritait un timbre en pierre couvert de fleurs et une balançoire de fortune – planche pourrie et corde effilochée. J’eus aussitôt envie de m’y bercer, les jambes jetées en avant et la tête renversée en arrière, en avant, en arrière, le regard accroché au feuillage et aux nuages, jusqu’à en avoir le tournis. (…) »

 

 

« (…) Dans le cœur d’un homme, c’est l’enfant qui pleure sa mère. L’homme, lui, n’a plus besoin d’une maman, et je le sais aujourd’hui. Mais à l’époque, j’étais encore un môme, et j’avais une peur bleue de la vie sans elle.

Longtemps, je l’ai visité en douce, me faufilant dans le parc à l’aube ou au crépuscule, jusqu’au jour où il m’apparut qu’il était bien plus destructeur de la savoir vivante, chaude, palpitante et aussi vide qu’une coquille de noix rongée par une famille de charançons, que de garder d’elle le souvenir de celle qui me saluait sur le pas de la porte, son chiffon à la main, en me recommandant d’être bien sage. (…) »

 

Nathalie Hug

 

COMME UN ENCHANTEMENT

 

Calmann-Lévy, 2020

 

 

 

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