LES VICTORIEUSES de Laetitia COLOMBANI

Publié le par Brigitte Sabban-Weyers

LES VICTORIEUSES de Laetitia COLOMBANI

Après LA TRESSE que j’avais lu rapidement, j’ai eu envie de lire le roman LES VICTORIEUSES. C’est un roman qui se lit tout aussi rapidement mais qui ne laisse pas une empreinte forte. Les thèmes sont pourtant des thèmes que j’aime particulièrement : des destins de femme, des êtres humains qui se dépassent et sortent de leur zone de confort, des questionnements sur ce que peut être l’altérité. La construction avec deux points de vues, deux histoires racontées avec une temporalité différente aurait dû permettre à chacune de parties d’entrer en résonnance, mais c’est, finalement très peu le cas. Je n’ai cependant pas boudé un certain plaisir à lire ce roman.

 

Extraits :

 

« (…) Dès la création de l’Armée, William Booth a institué dans ses rangs l’égalité absolue des sexes. Les femmes y sont d’ailleurs majoritaires : sept officiers sur dix sont des officières. Booth leur accorde la liberté de prêcher, provoquant le tollé des autres institutions religieuses. Il n’hésite pas à l’affirmer dans les assemblées : Mes meilleurs hommes sont des femmes ! Cette mixité choque, fait scandale. A Londres, on raille les officières salutistes en uniforme, coiffées de leur chapeau Alléluia, ce couvre-chef à larges bords qu’elles portent hiver comme été. A Paris, on siffle à leur passage, on miaule, on crie des hi-han de baudet pour les empêcher de prendre la parole en public. On jure que des crapauds sortiront de leur bouche. On les traite d’hommes en jupons. On conspue L’Armée du Chahut et ses femmes soldats. Blanche se moque des quolibets. Elle est tout aussi capable qu’un homme de prêcher. Et elle va le prouver. (…) »

 

 

« (…) Accueillir de grands couturiers dans un endroit où les femmes ont à peine de quoi s’habiller, n’est-ce pas un peu décalé ? La directrice sourit. Je comprends votre réaction, répond-elle, mais certaines enseignes acceptent de céder leurs invendus à petits prix. Et puis les résidentes sont contente de pouvoir assister aux défilés. C’est l’occasion d’ouvrir les portes du foyer. La vraie mixité, ce n’est pas de mélanger les cultures et les traditions, elles le sont naturellement ici. C’est de faire entrer la vie du dehors au Palais(…) »

 

« (…) Elle vient de lire un article intitulé « Les femmes et la précarité ». Depuis quelques temps, elle s’intéresse de plus près au sujet. Le constat de l’enquête est alarmant : les femmes sont les premières victimes de la pauvreté, les premières bénéficiaires du RSA. Elles représentent 70% des travailleurs pauvres. Plus de la moitié des personnes faisant appel aux banques alimentaires sont des mères célibataires. Le chiffre est en constante augmentation, il a doublé en quatre ans. Les demandes d’accueil de femmes avec enfants en foyer sont exponentielles(…) »

 

Laetitia COLOMBANI

 

LES VICTORIEUSES

 

Le Livre de Poche

Editions Grasset & Fasquelle, 2019

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