LE SENS DE MA VIE de Romain GARY, extraits

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Ma mère était donc morte, elle est morte fin 41 et elle n'avait jamais rien su de ce que j'étais devenu et de la réalisation de ce que l'on peut appeler ses fantasmes, et qui d'une certaine façon étaient simplement une manifestation d'amour à la fois pour moi et pour la France, sur le plan mythologique, dont elle avait conservé une image intacte même au contact parfois fort pénible des réalités françaises, surtout à l'époque de Vichy. (...)

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L'humour de Groucho Marx est pour moi très important, comme tout humour en général parce que l'humour est l'arme blanche des hommes désarmés. Il est une forme de révolution pacifique et passive que l'on fait en désamorçant les réalités pénibles qui vous arrivent dessus. Par exemple, dans l'humour juif né dans le ghetto, c'était des gens qui n'avaient pas d'autres armes de défense qu'une certaine forme de rire tragique dont on connaît l'exemple bien connu et qui qui a été mis à toutes les sauces: on trouve un juif victime d'un d'un pogrom avec un coup de sabre du côté du coeur, on arrive à son secours et on lui demande: "Est-ce que cela vous fait mal?" et il répond: "Seulement lorsque je ris", "Only I'm laughing". (...)

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La seule chose qui m'intéresse, c'est la femme, je ne dis pas les femmes, attention, je dis la femme, la féminité. Le grand motif, la grande joie de ma vie a été l'amour rendu pour les femmes et pour la femme.(...)On ne comprendra absolument jamais rien à mon oeuvre si l'on comprend pas le fait très simple que ce sont d'abord des livres d'amour et presque toujours l'amour de la féminité. Même si j'écris un livre dans lequel la féminité n'apparaît pas, elle y figure comme un manque, comme un trou.(...)Et je ne voudrais simplement pas qu'il y ait plus tard, quand on parlera de Romain Gary, une autre valeur que celle de la féminité.

Le sens de ma vie

Entretien

Romain Gary

Editions Gallimard 2014